La statuaire africaine :
Le savoir-faire et la virtuosité des sculpteurs
Des objets rituels, réceptacles de la force sacrée
La statuaire en Afrique subsaharienne est faite de bois, métaux, ivoire et argile. Les statues et statuettes sont souvent des pièces rituelles servant de réceptacle à la force sacrée, un substitut symbolique de l’individu défunt, une figurine apotropaïque (qui conjure du mauvais sort), un intermédiaire entre le monde des vivants et l’au-delà. Leurs qualités plastiques en font des œuvres d’art qui peuvent être appréciées pour leur simple attrait esthétique.
Des objets d’art pour dialoguer avec les esprits
La variété étonnante de la statuaire africaine reflète le savoir-faire et la virtuosité des sculpteurs, soucieux de traduire visuellement l’imaginaire et l’invisible des forces mystiques permettant le dialogue avec les esprits, et ainsi la cohésion du groupe socio-culturel.
Plus la statue est belle esthétiquement, meilleure sera son efficacité rituelle.
Une grande diversité socio-culturelle de formes et de sens
Les statues sont généralement anthropomorphes et de petite taille; mais au-delà de ces deux traits communs, elles présentent de nombreuses caractéristiques spécifiques en fonction des groupes socio-culturels dont elles sont issues.
Sculptures hiératiques en lien avec un rite chez les Fang, les Baoulé, et les Yoruba

Au Gabon, les statues Byeri Fang sont des figures de reliquaires qui surmontaient les paniers-reliquaires des défunts. Elles avaient pour fonction de garder les reliques lignagères et étaient conçues de manière à impressionner et effrayer tout étranger s’en approchant.

En Côte d’Ivoire, les statues de conjoints mystiques Baoulé interviennent dans un cadre familial et représentent les époux spirituels de l’au-delà dont il faut prendre soin : les nourrir, les laver… La beauté de ces effigies est directement liée à la volonté d’apaiser la colère de ce conjoint qui peut s’exprimer en provoquant impuissance ou stérilité dans le monde physique.

Au Nigeria, le culte des jumeaux est de très grande importance en pays Yoruba, ou la natalité de jumeaux est élevée et vécue comme une bénédiction. Si l’un des jumeaux vient à décéder, une statue doit être créée afin d’apaiser son esprit dans l’au-delà : les statuettes Ibedji représentent l’esprit des jumeaux décédés. Elles sont lavées, nourries, huilées, vêtues, comme s’il s’agissait d’êtres vivants. Portées par les femmes, elles sont d’émouvants symboles de l’amour filial par-delà la mort.
Géométrisation des formes chez les Mumuye
Les statues Iagalganga sont sculptées par les forgerons ou les tisserands, et gardées dans des espaces isolés. Elles ont un rôles divinatoire et apotropaïque.

Figures en mouvement chez les Bamiléké
Dynamisme et expressivité transparaissent de cette statue, tête vers l’avant et genoux pliés. Il s’agit probablement d’un reliquaire, comme en témoigne la tête amovible dont le creux laisse supposer un emplacement destiné aux reliques.

Figures maternelles chez les Yombe
Les statuettes de maternités faisaient partie de rituels de fécondité.

Expression du divin chez les Yoruba
La tête de cette porteuse de coupe est couronnée de la double hache stylisée « adu ara », attribut de la divinité Shango, Dieu du tonnerre. Par sa position et la coupe à offrandes, la femme exprime la gratitude qu’elle dédie à Shango. La hache double évoque l’interaction dans le cosmos Yoruba, du ciel et de la terre, du masculin et du féminin.

Représentations mortuaires chez les Ambete
Les statues de reliquaires Ambete sont des représentations d’ancêtres, de notables ou de chefs de village. Elles avaient pour fonction de servir au culte des ancêtres appelé Onkani.

Références bibliographiques sélectives :
• ARNAUD Gérald, « La sculpture comme culture », Africultures, 2003/3 (n° 56), p. 41-48.
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